ON CROIT QUE CA N'ARRIVE QU'AUX AUTRES....

Publié le par fofolle 34

Chronique d’une mort annoncée

Une dernière chance ?

 

 

Je suis là, assise dans ma voiture et je le regarde !  Il a l'air...? Non, il n'a pas l'air, il est déterminé ; je le lis dans son regard. Il m'inquiète, il me fait peur. Tout le monde m'avait mise en garde : « n'y retourne pas...., n'y va pas toute seule... fais attention.... » D'ailleurs, il y a quelques semaines, il avait fait changer les serrures de notre maison et il m'avait séquestrée à l'intérieur, avec ma fille. Et c'était loin d'être ses premiers gestes ! Ce n'est pas que j'ai voulu n'en faire qu'à ma tête, mais ce soir il me fallait récupérer quelques affaires. Alors, je lui ai téléphoné : il avait l'air calme et m'a proposé de passer avant 20h car, m'a-t-il dit, il devait partir. J'ai voulu lui faire confiance, une dernière fois. Je sais bien que les séparations ne se passent pas bien, en général : il y en a toujours un qui souffre plus que l'autre ; mais moi, je n'en pouvais plus, j'étouffais, il fallait que je me libère de toutes ces années de vie commune, toutes ces années où les bas ont été plus nombreux que les hauts, toutes ces années où l'on s'est pris la tête et où ça devenait invivable. De toute façon, il y a toujours un moment où 13 ans d'écart font la différence... J'ai mis la clef sur le contact mais je ne peux avancer : il a garé sa voiture devant la mienne. Je suis terrorisée et je le regarde !  Je supplie, je le supplie. Lui, il me fixe, toujours avec son regard déterminé.

 

 

Je la regarde : elle est au volant de sa voiture et je lui fais face. Elle ne peut plus m'échapper. Je la vois pleurer, elle me supplie mais plus rien n'y fait, je suis déterminé. Ce soir, je l'attendais ; j'avais tout prévu. Elle veut me quitter ! Je ne veux pas qu'elle me quitte ! Je sens monter en moi comme un mélange d'amour et de haine. Si je veux rester honnête, ça ressemble plus à de la haine qu'à de l'amour. La haine de la voir détruire plus de 17 ans de vie commune, la haine de la voir tout foutre en l'air ! Et de savoir qu'elle puisse être heureuse dans sa nouvelle vie... c'en est de trop. Je ne peux pas le supporter, je n'en peux plus : elle est belle, elle est jeune, et elle pleure : ses larmes ne changeront rien ! Ce soir, j'ai tout prévu : mon fusil est à portée de main, chargé ! Je n'ai plus qu'à viser et...

 

 

Il est toujours là, face à moi, impitoyable. On pense toujours que les drames passionnels n'arrivent qu'aux autres ! Ce soir, c'est notre tour. C'est vrai ce qu'on dit : quand la mort approche, on voit défiler toute sa vie. Il me vise, avec son fusil, ce n'est plus qu'une question de temps. La haine déborde de ses yeux, aucune pitié. Ma vie défile de plus en plus vite : les images d'un mariage torturé me reviennent à l'esprit, tous ces instants où j'ai eu peur de lui se justifient. Pourquoi lui ai-je donc fait confiance ? Il faut croire que j'allais vers mon destin. Mais je reste convaincue que tôt ou tard ça se serait terminé ainsi ! Je pense à mon ami, celui qui m'a rendu le bonheur et la joie de vivre, celui avec qui j'envisageais tant de choses... Ma vie continue à défiler, le rythme s'accélère : maintenant, les seules images qui m'envahissent sont celles de ma fille : elle va fêter ses 19 ans,

elle est belle, elle est à l'aube de sa vie de femme...

 

Elle reste mon unique fierté ! Et pourtant, elle aussi en a bavé, combien de fois s'est elle mise au milieu, faisant front à son beau-père ? Je sais que je n'ai pas été une mère parfaite, c'est dur de l'être ! Elle est ma plus belle réussite, je l'aime tellement et je ne pourrais certainement jamais lui dire !  Toutes ces choses qu'on ne pourra partager ... ! Je hais cet homme qui me fait face et qui veut tout m'enlever. Je le hais d'une force inimaginable... !  Une détonation : ça y est, il l'a fait ! J'ai mal, ma vue se brouille...

 

 

Ca y est, j'ai tiré. Dans quelques instants, tout sera terminé : de toute manière, ça ne pouvait pas finir autrement. Je retourne l'arme contre moi, et je tire, une deuxième fois. J'ouvre les yeux, j'ai mal, je saigne, mais je suis encore en vie. Je ne comprends pas comment j'ai pu me louper. Je retourne à l'intérieur de la maison, il faut à tout prix que je trouve d'autres cartouches. Je griffonne quelques lignes sur un papier : « je l'aimais trop... » En fait, je la hais trop ! Elle a voulu me quitter, mais ce soir c'est avec moi qu'elle part. Je ne pense même pas à sa fille, la seule chose à laquelle je pense c'est une putain de phrase : « unis jusqu'à ce que la mort vous sépare ! » Voilà, j'ai eu le dernier mot ! Si je ne suis pas heureux, elle ne le sera jamais. Personne d'autre ne la touchera ! Je viens d'appeler mon frère pour lui expliquer mon geste ; il a du prévenir les gendarmes. Il faut que je me dépêche, ils ne vont plus tarder. Cette fois, je ne   me louperais pas. Je suis retourné auprès de la voiture et j'ai rechargé mon fusil. Je le pointe sous mon menton et j'appuie sur la détente, une toute dernière fois. Tout va vite, je ne sens plus rien.

 

 

 

 

Ma vue est tellement brouillée que je ne vois désormais plus rien. Je me sens partir, même mon coeur est en train de me lâcher. Encore une dernière pensée pour ma fille : je l'imagine déjà pleurer sur mon cercueil. Je n'ai jamais voulu ça : finir dans un simple fait divers qui fera la une des journaux... Quelle triste fin ! Je sens arriver ma fin, et avec elle, ma dernière pensée, toujours pour ma fille : « Je t'aime ».

 

Publié dans FAITS DIVERS

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C
bien triste fait divers, et bien triste moment
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